Détails
Présentation
L’équipe Espaces Humains et interactions culturelles organise des journées d’études sur les représentations de la Nouvelle-Aquitaine à l’écran :
« Territoire et refuge »
Les 18 novembre et 19 novembre 2021
à la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines
Amphithéâtre Pouthier et Vareille
Organisation : Diane Bracco et Bertrand Westphal (EA 1087 EHIC)
Dans le cadre de l’appel à projet VisionNAges (Université de Bordeaux – Université de Limoges)
Le programme est consultable ICI
Dans l’aire de la Nouvelle-Aquitaine, l’ancien Limousin fait parfois figure de parent pauvre des représentations cinématographiques. Rarement représenté ès qualités, sinon par des réalisateurs comme Claude Sautet ou Tony Richardson, entre (quelques) autres[1], il sert plus souvent de succursale verte à l’Angleterre de D.H. Lawrence (dans un film de Pascale Ferran) ou à l’Indre de George Sand (dans La Note bleue d’Andrzej Zulawski). Cependant, le Limousin cultive un patrimoine qui fait à juste titre sa fierté : il n’a cessé d’être une terre d’accueil, voire un véritable refuge pour les victimes potentielles des tragédies de l’histoire récente.
Des exemples ? Se cantonnant dans le domaine de l’art, on mentionnera le jeune Serge Gainsbourg, qui fut brièvement scolarisé à Saint-Léonard-de-Noblat, loin des affres du Paris de 1944, ou le dadaïste autrichien Raoul Hausmann qui, en cette même année sombre, quitta définitivement Vienne pour s’installer en Haute-Vienne. Le séjour limousin du jeune Gainsbourg a été esquissé dans un récent biopic qui lui a été consacré par Joann Sfar. Mais il n’y a pas que les grands noms ; il y a aussi les laissés-pour-compte, les anonymes de l’Histoire, stigmatisés par le destin. Parmi eux, il y eut les réfugiés républicains espagnols qui furent d’abord accueillis (dès 1937) avant d’être soumis au même traitement que les hommes et les femmes persécutés par le régime vichyssois, internés en Limousin comme ailleurs, à partir de 1940 (voire, pour certains, dès l’automne 1939). Entre la notion de refuge et la notion d’internement, la limite est parfois mince – comme le découvrent à leurs dépens les migrants au nord de la Méditerranée en ce début de millénaire.
Cette situation nous incite à fouiller une thématique qui, si elle se déploie sur tout le territoire de la Nouvelle-Aquitaine, vaut tout particulièrement pour l’ancien Limousin. Elle suppose le recours à des supports iconologiques divers. Une place spéciale sera réservée aux documentaires, dont la tradition est bien ancrée sur place, comme en témoignent maintes archives. Dans le sillage d’une approche hispanisante du sujet, l’exil des Républicains espagnols fera l’objet d’une attention soutenue. Mais il va de soi que les films de fiction et les séries télévisées seront également à l’honneur, qu’ils concernent le Limousin ou d’autres anciennes régions de la Nouvelle-Aquitaine, saisis comme écrins de verdure, dans certains films représentatifs du cinéma français contemporain notamment, ou bien au prisme de la fiction de genre. À l’instar de Peter Dourountzis, on pourra ainsi explorer la géographie limougeaude sur les traces d’un tueur en série tapi dans les recoins de la ville. On n’omettra pas non plus d’examiner les refuges-pièges des séries policières dont l’action se déroule entre les Landes, les Charentes et la Creuse.
Les différentes études de cas permettront au demeurant de dresser un début de géocritique de la région, grâce à un travail de confrontation de points de vue (celui du réfugié, celui de l’hôte, qui accessoirement risque de se transformer en geôlier, etc.), d’examen conjoint des strates historiques qui peut déboucher sur une archéologie culturelle des lieux ou encore de mise en regard des supports qui facilite l’étude des stéréotypes dominants à plusieurs moments de l’histoire récente. Ces études permettront par ailleurs de réfléchir à ce qu’a aujourd’hui de commun le territoire néo-aquitain.
Cette journée d’étude organisée dans le cadre du projet régional VisionNAges réunira des chercheurs et chercheuses des Universités de Limoges et de Bordeaux, spécialiste d’études cinématographiques et géographes, ainsi que professionnels du cinéma qui, à travers la diversité de leurs regards et approches, examineront les enjeux des différentes représentations de la Nouvelle-Aquitaine, et plus spécifiquement du Limousin, dans quelques objets filmiques fictionnels et documentaires.
[1] Voir Philippe Grandcoing et Marc Wilmart, Limousin sur grand écran, Éditions Culture & Patrimoine en Limousin, 2013.