Anna : de Pescara à Limoges
Anna est une étudiante italienne venue à Limoges en Septembre 2019. Nous avons décidé de vous présenter son parcours et ses choix car ils sont assez atypiques et peuvent en motiver plus d’un.
Anna vient d’une ville Italienne située au bord de l’Adriatique appelé Pescara. Après avoir validé sa licence en Langue et Médiation Linguistique, elle décide de poursuivre ses études dans un Master Langues, Littératures et Cultures modernes en anglais et français. Initialement son projet était d’améliorer son anglais afin de pouvoir exercer en tant que professeur d’anglais en Italie. Mais vous allez voir que le destin a fait que le rêve d’Anna a évolué.
Dans le cadre de ses études, la nécessité de faire un échange universitaire était évidente. Cependant, comme son niveau d’anglais était suffisamment bon, elle a décidé de se tourner vers un échange en France afin de consolider ses acquis. Pour valider son Master, il lui fallait des connaissances fortes en anglais mais aussi en français. Ayant eu des professeurs qu’ils lui ont fait détester le français, elle avait, durant sa licence, perdu son niveau et son attrait pour notre langue. Elle a donc postulé à différents échanges en Angleterre et en France (principalement Paris et Limoges). Mais se retrouvant plus dans l’atmosphère, la taille et l’authenticité de Limoges elle a décidé de tenter l’expérience Erasmus chez nous.
Bien évidemment, avant d’arriver, elle avait quelques préjugés et stéréotypes sur notre pays (et surtout sur ses habitants). Mais, je reprends ses mots « quand je suis arrivée, je suis tombée amoureuse de Limoges. C’était la France comme je l’avais toujours imaginée ».
Avec cet état d’esprit, son échange ne peut que bien se passer. Malgré le fait d’être arrivée à Limoges seule, elle est parvenue à se faire de bons amis, découvrir Limoges et la France, grâce à sa curiosité et aux différentes activités de l’Université. Elle insiste cependant sur un point, la différence d’âge et d’expérience entre les étudiants. Anna a 26 ans et elle est mariée depuis 3 ans, ainsi elle a été confrontée à un décalage fort avec d’autres étudiants qui, plus jeunes, partaient à Limoges uniquement pour faire la fête. Elle a su donc faire preuve d’une forte capacité d’adaptation.
Il faut bien le dire, le charme de notre ville et la bienveillance de certains ont rendu Anna « amoureuse » de notre pays, et cela se ressent immédiatement quand on lui parle. Comme elle le dit si bien, « cette expérience Erasmus m’a vraiment ouvert l’esprit et m’a fait changer. Je me suis passionnée pour cette langue et ce pays, et c’est quelque chose que je n’aurais jamais pensé dire auparavant ». Il s’agit là d’une chose que nous avons perdu, cet émerveillement au quotidien. Pour beaucoup d’entre nous, marcher dans les rues du centre-ville, ou sur les bords de Vienne ne nous procure pas d’émotions particulières à part : « Ah encore des travaux … » ou « Il fait du bruit lui … ». En discutant avec Anna c’est ce que j’ai compris, elle donne l’image d’une personne consciente de la richesse qui l’entoure.
Au fur et à mesure du semestre, ses objectifs ont changé et sa volonté de rester a grandi. Se sentant « à sa place » à Limoges, elle décida de prolonger son expérience à travers un stage.
C’est ainsi que, grâce à Mme Nouhaud et à Mme Pradelle, Anna a eu l’opportunité de donner des cours d’italien à nos étudiants de la FLSH durant le second semestre. D’autres missions se sont aussi ajoutées, comme accompagner et conseiller les étudiants français qui aimeraient partir en Italie ou encore tenir, avec Léa et moi, le fameux foyer international.
C’est ainsi que le projet d’Anna a évolué, en arrivant elle désirait devenir professeur d’anglais en Italie mais après l’expérience de vie à Limoges elle veut désormais être professeur d’italien en France. Et cela est dû à deux choses : le charme de notre pays, et les attentions de certains.
Ce stage était censé durer jusqu’au 8 mai 2020, mais bien évidement avec la situation que nous connaissons tous, tout a été bouleversé. Par malchance, elle n’a pu regagner l’Italie et sa ville natale avant la fermeture des frontières. Elle n’a pas voulu non plus mettre fin à son stage qui est pour elle l’accomplissement de son projet. Ainsi, elle vit son confinement dans la résidence Camille Guérin où, avec d’autres étudiants étrangers restés à Limoges, elle alterne entre les cours qu’elle continue de donner avec Mme Pradelle et les appels à sa famille.
Dès que le confinement sera levé, elle rentrera en Italie afin d’écrire son mémoire et revoir ses proches. Comme le stage à l’Université de Limoges a été écourté, elle pourra le reprendre pleinement en septembre pour deux mois afin de finir ses études. Après cela, c’est un point d’interrogation. Même si ses objectifs sont clairs, elle n’a pas encore trouvé ce qu’elle allait faire ensuite, bien qu’elle aimerait rester sur Limoges… Souhaitons-lui bonne chance !
A mes yeux de Limougeaud « pure souche », la vision qu’elle a eue de ma ville m’a fait prendre conscience de quelque chose d’évident mais qu’on oublie trop souvent. Il ne faut pas se lasser, ni être blasé des choses belles de notre quotidien, et cela prend encore plus de sens en période de confinement…
A méditer 🙂
Rédaction : Simon Forestier , volontaire en mission de service civique à la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines