Présentation
Je m’appelle Andrew Malem j’ai 26 ans et depuis 2015 je suis à Limoges. Je suis anglais, né à Warrington qui est une grande ville entre Manchester et Liverpool. J’ai fais ma licence à l’Université de Durham. J’ai fait les langues vivantes, du français, de l'espagnol et du russe. En 2015, j’ai eu l’opportunité de venir ici en tant que lecteur et de faire mon Master recherche en même temps ici, à Limoges.
Pourquoi est-ce-que tu voulais être lecteur?
Honnêtement ce n’était jamais mon projet de vie d’être un enseignant parce que pour moi, être devant des étudiants c’était un cauchemar, mais j’avais l'opportunité de venir ici parce qu’il y a un lien entre l’Université de Limoges et l’Université de Durham. Je me suis dis “Bon, je viens de finir ma licence. Je veux aller à l’étranger : soit en France, soit en Espagne, soit en Russie pour pratiquer, améliorer et perfectionner les langues que j’ai apprises à l’université”. J’ai donc choisi Limoges. Comme je l’ai déjà dit, ce n’était jamais quelque chose que je voulais faire mais je suis très content du choix que j’ai fait.
Quel était ton projet avant le lectorat ?
Je ne savais pas du tout ce que je voulais faire. J’ai toujours adoré les langues. J’ai commencé l’espagnol quand j’avais 6 ou 7 ans parce que mon père m’avait appris quelques mots en espagnol même si il ne parlait pas un mot d’espagnol, il a quand même réussi à m’apprendre quelques mots, et à l’âge de 11 ans j’ai commencé le français, à 12 ans j’ai commencé l’allemand et je ne savais pas quoi faire avec toutes ses langues. Je savais juste que je voulais continuer à les étudier.
Et donc, pourquoi choisir la ville de Limoges ?
J’avais le choix entre Limoges ou Clermont Ferrand. J’ai probablement choisi Limoges parce qu’il y avait un échange de lecteurs entre les deux universités et pendant ma dernière année de licence, le lecteur que j’ai eu en cours venait de Limoges. J’ai donc discuté avec lui. Il m’a donné quelques conseils, et il m’a dit que c’était une belle ville et un super endroit. Et je pense qu’il avait raison, même s' il y a pleins de gens qui ne sont pas d’accord avec ça, moi je suis d’accord.
Comment s’est passé ton expérience en tant que lecteur à la FLSH ?
Très bien je pense, j’espère. Comme je l’ai déjà dit, ce n’était jamais quelque chose que je voulais faire, enseigner, mais au bout de 2-3 semaines je commençais à aimer le travail, aimer être devant les étudiants, préparer les cours et les aider à améliorer leurs compétences.
Quel était ton rapport avec les étudiants ? Comment tu gérais ta double-casquette prof-étudiant?
Honnêtement, c’est un peu étrange d’être lecteur parce qu’on a une relation particulière avec les étudiants, être lecteur c’est entre être un professeur et un étudiant et en plus de ça j’étais étudiant en même temps. C’était bizarre. Je ne sais toujours pas comment j’ai réussi à tout faire simultanément, mais bon, je l’ai fait.
C’est vrai, en y repensant le statut de lecteur est un peu bizarre et c’est parfois difficile à gérer parce que tu veux être aimable mais en même temps tu dois garder l’autorité. J’assistais aux soirées étudiantes, comme celles du Swinging Cat Club et tout ça. Trouver l’équilibre entre le côté fun et le côté prof était assez compliqué. Je devais noter les étudiants avec qui j’ai fait des soirées et le pire c’est de devoir noter les étudiants que tu aimes bien mais en terme de capacités langagières ce ne sont pas les meilleurs étudiants, mais ce sont des personnes très gentilles. Ça, c’était difficile.
Quel est ton statut à la FLSH au jour d’aujourd’hui ?
Je suis enseignant contractuel. J’ai un contrat à mi-temps parce que cette année je prépare l’Agrégation. Je viens de faire les épreuves écrites il n’y a pas longtemps. J’étais malade, pendant les épreuves, ce n’était pas idéal pour faire 25h d’examens en 4 jours.
Tu es donc passé du statut de lecteur à celui de professeur, est-ce-que ton rapport avec les étudiants a changé ?
Oui. Je n’ai pas vraiment changé mon comportement en cours, je suis toujours moi mais j’ai arrêté les soirées et j’ai essayé de garder une certaine distance. Les étudiants que j’ai en ce moment, ce sont des promos entières qui ne me connaissent pas comme un lecteur, ce qui m’arrange.
FLSH vs. Durham
C’est très différent. J’ai totalement adoré Durham. Le système universitaire à Durham est un système de “Colleges”. Chaque étudiant appartient à un “College” par exemple moi j’étais à “St Mary’s College” et tu as toute la ville dans ton “College”. C’est là où tu dors, où tu manges, où tu sors… Tu as toujours des cours à la faculté mais tu as vraiment une ville dans la ville.
Je pense que c’est plus dans la culture anglaise de quitter la ville familiale pour aller à l’université dans une autre ville. Par exemple, moi, j’ai grandi à Warrington, j’étais à l’Université de Durham qui est à peu près à 3h30 de voiture de chez mes parents. Donc on quitte vraiment la famille, et j’ai senti que grâce à cette séparation j’ai gagné en indépendance durant mes années de licence. Je sais que la culture ici, en France est différente , je ne dis pas que c’est une mauvaise chose, mais c’est juste une différence que j’ai pu remarquer.
Malgré mon amour pour Durham, je suis très content d’avoir fait mon Master ici car mes deux années de Master ne m’ont rien coûtés parce que j’étais enseignant ici. Si j’avais fait mon Master en Angleterre j’aurais dû payer entre 7000 à 8000£ l’année de Master. Donc je suis très content d’avoir fait mon Master ici.
Je ne peux pas trop parler de la vie sociale étudiante d’un étudiant à Limoges car j’ai été étudiant mais aussi, principalement prof. J’étais étudiant pendant mon temps libre, du coup je ne me suis pas senti étudiant. Au final pour ma vie sociale j’avais les autres lecteurs et mes collègues ici qui sont très sympas.
Quel est ton projet maintenant ?
Mon but ultime est d’enseigner à la fac mais pour cela je devrais enseigner soit dans un collège ou un lycée qui serait une expérience très intéressante.
Est-ce-que tu comptes rester à Limoges ?
Oui, pour le moment. J’ai pris la décision de rester, au moins en France. Durant l’été dernier j’ai déménagé dans un plus grand appartement. Je me sens un petit plus permanent. Je me sens presque français.
Pourquoi rester à Limoges ?
C’est une petite ville dans la campagne et ça j’aime bien. J’ai déjà habité dans des grandes villes et j’ai aimé mais honnêtement je préfère un mode de vie plus décontracté. Je trouve que les gens ici sont gentils parce que c’est une petite ville. C’est quand la ville commence à être plus grande que les gens sont plus énervants et plus énervés. Pour moi, Limoges est d’une bonne taille. Il y a tout ce que je veux ici. Le seul problème, si vraiment il faut que je trouve un défaut à Limoges, si tu veux aller en vacances il faut monter à Paris pour prendre l’avion, à part si tu veux partir au Royaume-Uni. Si tu veux aller n’importe où dans le monde il faut monter à Paris. C’est un compromis à faire.
Qu’est ce qu’il te plaît à la fac des lettres ?
J’aime bien le fait que ça soit une petite faculté. C’est plus une famille qu’un lieu de travail. C’est comme ma deuxième maison. On passe beaucoup de temps sur notre lieu de travail et si, en plus, on aime bien notre lieu de travail, tant mieux parce que ce n’est pas une contrainte de venir tous les jours. Le département d’anglais est un petit département et j’aime bien mes collègues, je m’entends très bien avec eux.
Quel est ton meilleur moment passé à Limoges ?
Pas un moment spécifique, mais j’aime bien aller courir dans la ville. Je cours 2 fois par semaine et j’adore le fait que je puisse sortir de mon appart, courir 5-10 minutes et être au bord de la rivière. L'environnement la bas est très beau. J’aime bien la sensation de courir dans cette ville. Je me sens toujours content quand je cours ici, de voir la ville, le monde, la nature. J’aime aussi qu’à Limoges on est jamais trop loin de la nature.
Quel est ton meilleur moment passé à la flsh ?
J’ai bien aimé ma participation dans Unilim’s Got Talent. Je pense que c’était une nouvelle expérience pour moi parce que c’était la deuxième fois que je faisais quelque chose comme ça. La première fois que je suis “monté sur scène” devant un public comme ça c’était le théâtre organisé par Between the Acts (Charlie et la Chocolaterie). J’ai des très mauvais souvenirs de mes cours de théâtre à l’école. Je les ai complètement détestés et je n'avais pas la confiance de parler devant la classe et de jouer un rôle donc c'était la pire chose que j’aurais pu imaginer faire. Mais ici, je l’ai fait, peut-être que l’enseignement m’a apporté plus de confiance et m’a permis d’être plus à l’aise à l’oral.
Est ce que tu as un endroit préféré dans la ville de Limoges ?
J’aime bien mon canapé, mais je ne pense pas que ça soit la bonne réponse. J’aime bien le Duc Étienne. J’aime être à côté de la rivière aussi. Et la Cathédrale, j’aime bien la cathédrale mais j’aime bien les cathédrales en général. Normalement, quand je cours je m’arrête toujours devant la cathédrale, je fais mes étirements et ça me fait me sentir puissant. Il y a une très belle cathédrale à Durham aussi.
Est ce que tu as un endroit préféré à la FLSH ?
Soit mon bureau, soit devant les amphis dehors car j’ai parfois amené les étudiants là pour faire cours quand il a fait beau. J’aime bien la salle des profs car il y a toujours de l’eau bien fraîche.
Quel est ton restaurant préféré à Limoges ?
J’aime bien le “George T” situé Rue de la Soif. Ils font des pizzas maison dans la salle, devant toi. C’est un tout petit resto mais c’est toujours bon. J’aime bien aussi le bar “Le Cellier” pas pour manger mais pour sortir, c’est un très bon bar avec des bons vins. J’aime le vin et j’ai appris à l’apprécier avant de venir en France. Au Royaume-Uni, le vin est très cher et pas forcément de bon qualité.
Raconte nous une anecdote vécu à la FLSH :
Chaque année j’ai eu des groupes que j’ai adorés, et j’ai toujours aimé enseigner à ces groupes. Cette année j’enseigne à un groupe d’académiciens qui sont des étudiants de l’académie de théâtre de Limoges. Chaque cours avec eux est une nouvelle expérience. Ce sont des étudiants qui n’ont pas peur de se tromper quand ils parlent en anglais car ce sont des comédiens. Et c’est ça l’attitude qu’il faut avoir pour être un étudiant d’anglais, c’est d’essayer. Quand il y a un blanc en cours c’est frustrant mais en même temps je comprends parce que j’étais le même étudiant qui ne prenait pas la parole. Certains étudiants pour lesquels je sais qu’ils parlent très bien en anglais ou qui connaissent la réponse à la question n’osent tout simplement pas prendre la parole. Ces moments-là de blanc m’ont marqué.
Mais avec les étudiants de théâtre chaque cours est une vraie pièce de théâtre. J’ai fait quelques fois des jeux de rôles et ils sont hyper enthousiastes. Ca fait du bien quand les étudiants s’investissent.
Raconte-nous une anecdote vécu à Limoges :
La première fois que j’ai été à la Frairie des Petits Ventres, j’avais un petit bu et je faisais le tour des différents stands des vendeurs de nourriture quand tout à coup j’ai aperçu des saucisses qui m’avaient l’air bien appétissantes. Je n’avais jamais entendu parler d’une andouillette avant, et je dois avouer je n’étais pas fan de son goût…
Ça c’est une anecdote bien Limougeaude. A part ça la Frairie des Petits Ventres est vraiment génial. Je trouve ça bien d’avoir un événement annuel qui commémore les traditions du vieux quartier de Limoges.
Selon toi, pourquoi venir à Limoges et non dans une autre ville de France ?
J’ai visité d’autres villes françaises mais c’est quand même à Limoges que je veux rester. Je mettrais l’accent sur la gentillesse des gens ici et la proximité de la campagne. J’ai entendu quelqu'un dire que c’est une ville où tu pleures en arrivant et tu pleures aussi en partant.
D’un œil extérieur, Limoges, comme on le sait, n’a pas une super bonne réputation, et c’est vrai si on regarde Limoges de façon très superficiel on a cette impression. Genre, tu arrives à Limoges, tu te dis “Bon je vais passer un an ici”, tu pourrais penser “mais où c’est que je suis arrivé?”
Mais au moment de partir et de quitter Limoges tu pleures ! Limoges, c’est le genre d’endroit qui te touches et dont je suis tombé amoureux.
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